U2 by U2
En quoi consiste le travail d’un éditeur ?
C’est d’abord quelqu’un qui choisit un texte puis qui le met en forme. C’est aussi une image de marque, un label auquel le lecteur peut se référer : comme en musique, l’éditeur, par ses décisions, définit un genre, un style. Ensuite, c’est un conseiller, il doit aider l’auteur à tirer le meilleur de son texte et à exprimer ses idées. Enfin, c’est un médiateur entre l’auteur, le traducteur, le dessinateur le cas échéant, le correcteur, le maquettiste, le commercial, la presse, le lecteur.
Vous êtes spécialisés dans la musique ?
Non, mais notre ligne éditoriale est rock’n’roll. Avec des auteurs comme Virginie Despentes, Poppy Z. Brite, Neil Gaiman, Coralie Trinh Thi ou encore Irvine Welsh dont l’écriture est musicale et les thématiques fortement imprégnées par cette culture. Le roman de Thomas Clément, Les Enfants du plastique, est une satyre sur la standardisation de la production musicale où l’on apprend que si l’avenir l’industrie du disque est sombre, le garage survivra toujours.
En musique, nous avons publié une traduction de Mort aux Ramones ! écrit par Dee Dee Ramone. L’an prochain, nous publierons Babylon’s burning, une histoire du rock qui commence à la naissance du punk, pour finir avec la mort du grunge.
Demandez-vous à des auteurs d’écrire ou attendez-vous de recevoir un manuscrit qui vous plait pour l’éditer ?
Nous éditons toujours sur manuscrit. Certains éditeurs font des commandes.
Combien de personnes travaillent chez Au Diable ?
Six personnes dans nos bureaux à Vauvert et une attachée de presse sur Paris
Parlons maintenant du livre U2 by U2
Vous avez choisi cet ouvrage ou c’est U2 qui vous a choisi ? et comment ?
C’est l’éditeur anglais, Harper Collins, qui nous a choisis parmi plusieurs éditeurs en lice. Le management U2 a validé le choix en vérifiant si notre maison d’édition respectait l’esprit du groupe.
Plusieurs éditeurs étaient pressentis, dont certains parmi les plus puissants en France. Nous n’étions pas les plus offrants, mais Harper nous a préférés, sans doute car notre image correspondait mieux à celle du livre (donc nous étions les mieux placés pour le vendre) et aussi parce que notre petite structure est plus souple, mieux à même de s’adapter aux exigences de la co-édition internationale, que celle d’une grande maison.
Ce sont eux qui ont écrit ou ont-ils travaillé avec un auteur chargé de mettre par écrit leurs paroles ?
Neil McCormick, un de leurs anciens camarades de lycée devenu un critique musical célèbre en Grande-Bretagne, a recueilli leurs paroles. Ensuite chaque membre de U2 a relu ses propos et les a réécrits. Un vrai travail de fourmi !
Jusqu’au dernier moment, les U2, et en particulier Larry, ont réécrit certains passages. La première traduction étant terminée, nous avons dû l’adapter dans l’urgence. Le résultat est heureusement de qualité, tant pis pour nos nuits blanches !
Quel travail vous a demandé ce livre ? Est-ce la même chose pour les autres livres que vous éditez ? En quoi cela change-t-il ?
Ce livre est différent des autres pour plusieurs raisons. D’abord, c’est une co-édition internationale avec une sortie mondiale. Ensuite, nous n’avons pas de lien direct avec les auteurs, tout passe par une myriade d’intermédiaires. Ce qui n’empêche pas le groupe d’être très exigeant !
Avez-vous maîtrisé la traduction, la mise en page et l’impression de l’ouvrage ?
Nous avons choisi trois traducteurs : Nicolas Richard, Philippe Paringaux et Jérôme Shmidt. Il est rare que nous fassions appel à plusieurs traducteurs, mais nous y étions obligés car nos délais étaient très courts. La mise en page était définie par Harper et U2 (ils tiennent énormément au respect de leur charte graphique), l’impression était également du ressort d’Harper.
Quelles relations avez vous eues avec U2 ?
Nous n’avons pas eu de relations directes avec eux, à l’exception d’une lettre envoyée par Bono. Nous travaillions avec l’éditeur anglais qui faisait lui-même l’intermédiaire avec le management du groupe.
Pouvons-nous savoir ce qu’il vous disait dans cette lettre ?
Malheureusement, le contenu est confidentiel (comme très souvent avec U2, sans que l’on comprenne toujours pourquoi).
C’est facile de travailler avec leur entourage ?
Bono, Adam, The Edge et Larry le disent eux-mêmes dans U2 BY U2 : c’est très dur de bosser pour le groupe. Mais en général, le résultat est à la hauteur des efforts demandés. La difficulté repose sur le paradoxe entre qualité irréprochable d’un côté, et vitesse de l’autre.
Il y a une version US, une version GB, une française, quels sont les autres pays à voir leur version ?
L’Italie, la Hollande, l’Allemagne, le Danemark, le Portugal, la Finlande, la Suède, l’Espagne et le Japon.
Avez-vous quelques anecdotes à nous transmettre ?
Une fois la traduction finie et entrée dans la maquette Harper, nous avons envoyé les fichiers à Harper. Ils nous ont renvoyé des " épreuves " pour validation... et nous nous sommes retrouvés avec les épreuves finlandaises et les Finlandais avec les nôtres ! Les joies de la globalisation !
Quelle est la répartition du prix de vente d’un ouvrage ?
Voici la répartition, en général, qui est valable pour les livres.
TVA : 5,5%
Auteur : 10-12%
Editeur :12-16%
Libraire : 34-40%
Diffuseur : 5-8%
Distributeur : 10-12%
Fabricant : 10-20%