Arnaud, roadie sur la tournée Vertigo Tour
Retrouvez l’interview accordée par Arnaud à U2achtung, roadie sur la tournée Vertigo // Tour 2005. Merci à lui.
En quoi consiste le métier de roadie ?
Le vocable "roadie", issu du jargon anglo-saxon, comme la majorité des termes employés dans le domaine du spectacle, désigne le travail divers et varié qu’une personne réalise afin d’alléger celui des techniciens. Il est important de signaler que les personnes employées en temps que roadie sur un évènement viennent se greffer aux techniciens déjà présents sur la tournée.
Les roadies ont donc à leur charge tout l’aspect logistique; par exemple, ils doivent charger et décharger les camions, acheminer les infrastructures (scènes, lumière, vidéo...), monter les décors, accrocher certains matériaux...
Y -a-t-il plusieurs types de roadies ?
Il existe le roadie général, le "scaffer" et le runner.
Comme je l’ai mentionné précédemment, le roadie s’occupe essentiellement de l’aspect logistique, et plus particulièrement de l’aspect scénique, aidé par les directives des techniciens qui le guide et l’oriente dans la bonne marche de son travail.
Son travail reste principalement celui au sol ou en dessous de 2 mètres du sol.
Le "scaffer", surtout présent dans les stades ou lorsque les salles dans lesquelles l’évènement va se dérouler ont une infrastructure qui comprend des "tours layer" (échafaudage), est chargé d’accrocher par exemple des poursuites, des systèmes de projection, des caméras pour filmer, des fusées de feu d’artifice.... Il pose des accroches à plus de 2 mètres du sol car ils sont équipés de baudriers et de matériels de sécurité.
En résumé, il s’occupe du pré montage des structures scéniques en hauteur avant l’arrivée de la production (déco, son, vidéo...).
Un bon runner doit avoir une maîtrise parfaite de la ville dans laquelle il se trouve ainsi que du quartier dans lequel va se dérouler l’évènement car en cas de problème logistique, c’est vers lui que l’on va se tourner par exemple pour trouver un pressing très rapidement si le costume d’une des personnes devant se produire est tâché pour connaître la bonne adresse pour acheter des pièces nécessaires au montage de l’infrastructure, trouver des lampes d’amplis de guitare, acheter des cigarettes, acheter de la nourriture pour le catering (restauration)...
Rencontres-tu des artistes ? Quels sont tes rapports avec eux ?
On ne peut pas dire que je rencontre vraiment d’artistes puisque je n’ai pas de contact avec. Par contre, j’en vois pas mal, notamment pendant les répétitions où je travaille sur le plateau. Je les croise mais rien de plus. Certains sont plus avenants que d’autres et disent bonjour.
De toute façon je ne cherche pas vraiment à avoir de rapport avec eux ; chacun se place et c’est tout. Je me fais le plus discret possible.
Choisis-tu les tournées que tu vas suivre ?
Il est important de noter que lorsqu’un artiste part en tournée, il emmène avec lui ses techniciens. Viennent s’ajouter à l’équipe permanente de techniciens d’autres personnes lorsque ces derniers ne suffisent plus.
C’est dans ce cas de figure que les roadies interviennent.
Je n’ai donc jamais fait de tournée en tant que roadie. Par contre je peux choisir les évènements sur lesquels je souhaite travailler grâce à mon réseau de contacts.
Si je ne suis pas intéressé par l’évènement (exemple concert de rap dont j’ai horreur), je refuse la vacation.
Je suis employé par diverses sociétés de roadie ; celles-ci sont contactées par la production locale ou française (quand il s’agit d’un évènement international) préalablement mises en relation par la production de l’artiste.
C’est comme ça que j’obtiens des vacations et que je travaille sur tout type d’évènements (concerts, festivals, salons...)
Est-ce un métier à temps complet ? Quel est ton statut ?
Je suis intermittent du spectacle; je dois effectuer 507 heures minimum uniquement dans le domaine du spectacle au cours des 10 derniers mois. Ca peut paraître peu pour certains mais dans ce milieu, ce n’est pas évident du tout !
C’est donc un métier assez précaire mais quand on se débrouille bien et qu’on a de la volonté, on peut faire 507 heures de travail assez rapidement.
Combien de temps travailles-tu de suite ?
Le temps de travail est assez variable et dépend principalement de l’évènement qui va se produire. Par exemple, pour un gros concert comme celui de Paul Mc Cartney au stade de France, j’ai travaillé 12 heures d’affilée. Il m’est aussi arrivé de faire un gros démontage et de répartir tout de suite après sur un autre spectacle pour 12 heures (soit 24 heures à la suite)
L’essentiel est de connaître ses limites et de ne pas être dangereux pour les autres et pour soi-même, tout en gardant dans un coin de la tête qu’il faut accepter le travail quand il se présente car certains mois sont plus creux que d’autres (et là l’angoisse monte !)